5e
dimanche carême B -. 18 mars 2018. Grain de blé
L’heure est venue
Au cours de sa vie Jésus avait confié
à ses disciples : Je suis
venu allumer un grand feu sur la terre,
comme je voudrais qu’il soit
déjà allumé. Ce
feu qui habitait le cœur du Seigneur, Il l’avait préparé
patiemment par toute sa vie et son enseignement : il fallait que
les cœurs s’imprègnent petit à petit de la
Bonne Nouvelle. A Cana, Jésus avait répondu à
Marie : mon heure n’est
pas encore venue…, mais
aujourd’hui, devant la foule venue à Jérusalem,
au milieu des païens sympathisants qui voudraient le « voir »….
le Seigneur peut enfin dire officiellement : maintenant
l’heure est venue où le Fils de l’homme doit
être glorifié…,
mais comment cela sera-t-il ?
Face à tous ceux qui sont autour de Lui,
Jésus fait entrevoir une réalité, un mystère
qui ne sera pas facile à comprendre sans l’aide de
l’Esprit ; aussi, comme d’habitude, il emploie le
langage de la parabole : si le
grain de blé ne meurt pas en terre, il reste seul.
Tout le monde est déjà capable de comprendre qu’il
y a dans le grain de blé un étonnant mystère de
mort et de vie ! Avec cette image, Jésus évoque sa
mort prochaine et la vie qui va en rejaillir pour tous avec sa
résurrection. Je crois que, sur le moment, très peu ont
saisi la parabole, mais les apôtres s’en sont souvenus
après la Pentecôte, quand ils ont compris le sens de la
Croix et de la Résurrection. Les disciples eux-mêmes
d’ailleurs accepteront alors de devenir le grain qui meurt pour
donner beaucoup de fruit ; et nous savons aussi que toute notre
vie de foi consiste à nous laisser guider dans ce mystère
du don de notre vie à Dieu et aux autres, mystère qui
engendre la vie !
L’heure de la gloire
Jésus laisse entendre alors que cette
heure qui va être la sienne, (et celle-ci comprend tout à
la fois la Croix, la Résurrection, l’Ascension, la
Pentecôte…) avec tout ce qu’elle a de déroutant,
est aussi celle où il va rendre pleinement gloire à son
Père. Cette heure, Jésus l’accepte, il l’a
désirée et même choisie : ma
vie, dira-t-il,
nul ne me la prend, c’est moi qui la donne.
C’est l’heure de notre salut, ce
salut pour lequel, d’entente avec son Père, il est venu
parmi nous et va donner maintenant sa vie : c’est l’heure
de l’amour divin qui se donne pour nous.
Mais que signifie cette expression « rendre
gloire » ? Rendre
gloire à quelqu’un c’est reconnaître tout ce
qu’il est et tout ce qu’il a fait pour nous. Il y a des
gloires un peu superficielles et momentanées, orgueilleuses :
elles ne sont pas la vraie gloire ! Dieu seul peut être
pleinement glorifié, parce qu’Il est la source de tout
ce qui est beau, bon et vrai. Nous lui rendons gloire surtout quand
nous découvrons son amour pour nous dans la victoire de la
Croix.
Appelés à rendre gloire
Nous aussi, avec les apôtres et les
saints, nous sommes appelés à être la gloire de
Dieu, la manifestation tangible, rayonnante de son amour ; nous
le sommes tout particulièrement en devenant les serviteurs de
son royaume. Si quelqu’un me
sert, mon père l’honorera a
dit Jésus. La gloire de Dieu,
c’est la victoire de Dieu qui combat le mal en nous et nous
aide à triompher de notre faiblesse. Les apôtres et les
saints, sur ce chemin, sont nos modèles : ouvriers
passionnés de la gloire de Dieu, ils n’ont vécu
et travaillé que pour elle, souvent à travers les pires
épreuves. Une immense vision soutient les saints : la victoire
du Christ sur le monde en dérive, et l’attirance vers
lui de tous les hommes de bonne volonté. Ce n’est pas un
hasard si ces paroles de Jésus coïncident avec la
présence de quelques Grecs, des païens
qui, après son entrée
dans Jérusalem, désirent voir Jésus. Comme les
mages de Bethleem ces grecs annoncent la venue future vers Jésus
de toutes les nations, juifs et païens, réconciliés
dans le Christ : j’attirerai
à moi tous les hommes a dit
Jésus.
Un Autre vit en nous.
Le chrétien, témoin de Jésus,
construit activement le monde avec tous ses frères en
humanité; mais il ne vit plus à son propre compte : un
Autre vit en lui, qui est désormais au cœur de toutes
ses joies, de toutes ses forces, et même de tous ses désirs ;
et cet Autre est Celui qui est mort en terre le premier, comme le
grain de blé, celui qui nous a aimés et s'est livré
pour nous. Haïr sa vie, cesser
de s'attacher à sa vie, ce n'est pas se détruire, ce
n'est pas tuer en soi les richesses de l'intelligence ou du cœur,
c'est devenir avec Jésus serviteurs et servants du Père
et de tous nos frères humains. C’est
une fécondité
formidable : levez les yeux et
regardez, déjà les champs sont blancs pour la moisson,
avait dit Jésus
peu après sa rencontre avec
la Samaritaine.
Orientations :
Nous voulons voir Jésus, comme
les Grecs…voir sa gloire aussi sur le visage de tous nos
frères, qui reflètent son amour pour eux, tout
l’espoir qu’il met en eux, tout ce qu’il veut nous
dire par eux. Même si parfois, comme Jésus, nos frères
n’ont plus de « figure
humaine » à cause de souffrances qu’ils
endurent. Seigneur, aide-nous à
discerner sur le visage de tout homme en souffrance, un reflet de ta
gloire.