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Ça m’a toujours étonné : dès que quelqu’un est décédé, on parle de lui au passé. Je m’y suis mis, moi aussi, pour faire comme tout le monde et ne choquer personne. Pourtant, combien sont celles et ceux qui gardent le défunt en mémoire comme s’il était toujours là, à leurs côtés, bien vivant… auprès de Dieu ! Car nos défunts n’ont pas changé d’identité, ni de famille. Et Jésus le rappelle : « celui ou celle qui garde ma parole ne verra jamais la mort ». Vérifiez sur la page Facebook de René, ses proches continuent à parler de lui au présent. Je vais donc parler de René et de son parcours atypique au présent…

René fait partie de cette multitude des descendants d’Abraham. Il est né en Algérie, à une époque où chrétiens, juifs et musulmans vivent ensemble ; sa personnalité y a pris racine. René ne connaît pas les frontières, qu’elles soient géographiques, culturelles ou religieuses (vaudou, christianisme de toutes obédiences, islam) et il met « les pieds dans le plat », participant ainsi aux promesses faites par Dieu à Abraham que René revendique volontiers. Fils d’Abraham, René est de ceux qui veulent porter du fruit à l’infini… René est un idéaliste invétéré mais il est aussi prêt à toutes les compromissions, qui peuvent nous dérouter. Ainsi la théologie de la libération se mêle, sans problème, avec le capitalisme ambiant pour assurer son bien-être personnel, mais pas uniquement… Et le message passe, malgré les contradictions. Des quartiers riches de Port-au-Prince aux bidonvilles de cité Soleil ou de Solino, avec les paysans des grandes étendues du plateau central ou dans les rizières de l’artibonite, René est chez lui, partout, et quand je dis chez lui, c’est vraiment chez lui, sans gêne : « cococo, onè respè, allo papa, c’est moi… je vous amène des amis, ils sont sympas vous verrez, je reviens les reprendre dans trois jours » ! C’est ainsi qu’il agit chez les spiritains, en famille, mais aussi parmi les « gros bourgeois », ces commerçants d’Haïti où il « squatte » sans vergogne, la piscine, le dimanche après-midi, accompagné de ses amis.

René n’est pas vraiment roi, même si parfois il en prend l’air. Il est religieux, prêtre et spiritain, et il en est fier. Il ne le cache pas. C’est comme ça qu’il est reconnu, il n’a pas besoin de soutane. Le Père René est là, comme un signe d’alliance entre tous, et ceux qui le connaissent en témoignent : il est un homme qui réussit à mettre ensemble, parfois avec maladresse, parfois au bon moment… Mais quand est-ce, le bon moment ? Le moment de Dieu nous tombe dessus, comme ça, et c’est parfois avec René qu’il arrive !
René sait garder la parole de Jésus, avec sa façon bien personnelle et particulière, qu’il dit à temps et à contre-temps. La plupart du temps, cette parole est compréhensible, parce qu’elle est dite avec les mots de celles et ceux qui forment l’auditoire, et tant pis pour les oreilles sensibles ! C’est ainsi que les paroles de Jésus prennent une saveur particulière. Merci René !

P. Franz Lichtlé

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