Homélie du père Marc Soyer pour nos défunts
« Que la perspective de la mort soit une source d’élan pour la vie présente : une vie à offrir au Seigneur pour qu’Il l’emplisse jour après jour de son amour » Père Marc Soyer
Pour entrer dans la vraie Vie, celle que Jésus est venu nous communiquer, il faut traverser la mort avec Lui et comme Lui. Alors l’Eglise prie pour ses enfants décédés, ses défunts. Elle demande que le moment imprévisible et inévitable de leur passage vers le Père les ait trouvés accueillants au pardon et à l’Amour de Dieu. D’ailleurs, à chaque messe, elle renouvelle cette demande. Le lendemain de la fête de tous les Saints, fête de la joie pour le bonheur de nos frères et sœurs ‘entrés dans la Vie’, la famille chrétienne se fait solidaire pour ses défunts qui attendent leur pleine ‘délivrance’.
Nous unir à la supplication de l’Eglise pour nos sœurs et nos frères défunts nous invite à nous interroger nous-mêmes : aujourd’hui et maintenant sommes-nous ouverts à l’Amour du Seigneur comme nous souhaiterions l’être à l’heure de notre mort ?
‘Tenez-vous prêts’ nous dit Jésus. Notre monde nous dit : ne pensez pas à la mort ! Notre civilisation essaye de vaincre la mort ; d’en faire reculer les frontières. Et c’est bien ; sauf quand on veut à tout prix prolonger la vie par des procédures qui relèvent de l’acharnement thérapeutique plus que de la recherche du confort et d’un vrai bénéfice pour le malade. Mais la mort s’impose à un moment. On veut alors la dissimuler le plus possible. Pourtant elle est là, présente dans l’actualité : la mort violente de personnes innocentes assassinées, comme à Conflans, à Nice récemment…, ou des victimes innombrables de conflits ou de guerres qu’elles n’ont pas choisies ; la mort brutale de réfugiés noyés en Méditerranée ou au large de nos côtes… ; la mort tragique de dizaine de disparus d’un tremblement de terre en Turquie ou de centaines de personnes qui sont emportées lors de divers cataclysmes…. Sans oublier la mort de ceux ou celles qui nous sont chers : des parents, des amis… Non vraiment, il est illusoire de vouloir la cacher, ou l’ignorer… Je l’expérimente régulièrement à l’hôpital ; comme je l’ai souvent vécu à Chevilly pendant six ans, auprès de plus de quarante confrères accompagnés jusqu’à l’ultime ‘passage’ vers la Vie.
L’évangile selon Saint Luc 12, 35-40 invite à regarder la mort en face. Notre salutation à Marie nous fait dire fréquemment à notre maman du ciel : prie pour nous à l’heure de notre mort…Oui ! Regardons en face ce versant ultime de notre vie qui sera pour chaque personne sa rencontre définitive avec le Christ. Le Christ Sauveur et non le Christ Juge. Que cela ne nous angoisse pas ! Mais plutôt, que cette perspective nous soit une source d’élan pour la vie présente : une vie à offrir au Seigneur pour qu’Il l’emplisse jour après jour de son amour… Alors notre amour et le Sien seront à l’unisson au moment où nous passerons la porte qui s’ouvrira sur la Vie.
Père Marc Soyer, aumônier de l’hôpital Gustave Roussy