En reprenant le chemin d’Haïti, Benjamin Osio nous partage quelques impressions qui restent de son premier Chapitre.
« Soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous » (1 P 3, 15) ; tel était le verset choisi pour donner le ton à notre Chapitre provincial. L’impression qui m’habite, après deux intenses semaines, est vraiment que cette espérance en sort grandie, et la Province avec.
En regardant d’un peu plus près ce que l’apôtre Pierre a voulu dire en s’adressant en ces termes aux chrétiens dispersés de son époque, on voit qu’il faisait référence à l’adversité à laquelle ils étaient confrontés et aux risques qu’ils encouraient de ne pas être à la hauteur de l’enjeu, par un comportement inapproprié, brutal, indigne du Seigneur. « Usez de douceur et de respect » poursuivait-il ainsi.
Ces deux mots symbolisent bien l’ambiance générale de nos débats, et cela-même sans esquiver les difficultés qui se présentent aujourd’hui à nous. Le respect mutuel d’abord était palpable, pour ne pas dire la bienveillance, la qualité d’écoute, l’intérêt sincère de tous aux préoccupations portées par chacun. Cela a permis de faire place à de riches échanges ; et plus encore, me semble-t-il, à une foi renouvelée en la mission qui est la nôtre parce que, précisément, elle n’est pas d’abord à nous, mais à Celui que l’on cherche à servir avec le soutien de son Esprit. Le climat de prière et les temps de célébration soignés, la fraternité des repas partagés, l’organisation pointilleuse orchestrée par l’ensemble du staff et le cadre privilégié de Chevilly nous ont eux aussi portés sereinement à l’espérance.
Maintenant que le Chapitre se termine, que l’équipe provinciale précédente a passé le flambeau à la nouvelle, nous voilà tous ensemble face à l’avenir qui s’ouvre devant nous. La Province me semble prête à en embrasser les défis parce qu’elle a choisi de ne pas tomber dans le piège du repli. Malgré les effectifs en déclin de ses membres originaires d’ici, elle se laisse et se laissera renforcer par la présence heureuse de confrères venus d’ailleurs qui savent faire leur son histoire.
Elle pourra compter sur le soutien de nouveaux spiritains associés et sur le souffle de nouvelles fraternités Esprit et Mission. Elle saura prendre soin de ses aînés, ce qui est une magnifique marque de bonne santé. Elle saura aussi valoriser ses lieux de vie, en quittant ceux qui doivent l’être, et en requalifiant ceux qui seront gardés. Elle saura aussi, et surtout, rester ouverte aux appels de notre temps, aux visages innombrables qui, même masqués (!), s’offrent à nos regards là où nous sommes envoyés, au cœur d’une société fracturée et inquiète.
J’aurais un souhait peut-être… que nous restions particulièrement attentifs à la jeunesse. Que nous lui fassions confiance, à Auteuil et ailleurs, car c’est d’elle que germera sans doute la grâce imprévue du renouveau.
Personnellement, je ressors réconforté de ce temps en chapitre, et désireux de partager à nos frères, en Haïti, ce goût pour le travail partagé, pour l’unité et pour l’espérance dont le pays, et nous-mêmes, avons tant besoin.
Benjamin OSIO