« La joie du musicien, c’est d’habiller les mots de Dieu de la beauté de la terre. » Lucien Deiss
Pendant près de 50 ans, le père Lucien Deiss a mis la parole de Dieu en musique. Il a composé plus de 400 cantiques. Il a beaucoup travaillé l’Écriture Sainte. Il a été un des grands artisans du renouveau liturgique. Parole de Dieu, liturgie, musique : pour lui, trois piliers du même temple où l’homme rencontre Dieu.
Né à Eschbach (Bas-Rhin) en 1921, Lucien Deiss a grandi dans les Landes, car son père travaillait là-bas comme chef de chantier de forage. Quand Lucien a dix ans, sa famille se fixe à Strasbourg, à la Montagne Verte. Il fréquente le collège Saint-Étienne, puis il entre chez les spiritains à l’école Saint-Florent de Saveme. Il fait son grand séminaire à Chevilly et à Rome. Il est ordonné prêtre en 1945. En 1947, le père Deiss part au Congo : il fait partie de l’équipe chargée de fonder le grand séminaire de Brazzaville. Après un an, pour des raisons de santé, il revient en France et est nommé à Chevilly pour enseigner l’Écriture Sainte et la liturgie; il est aussi chargé du chant. Et cela, de 1948 à 1957.
“J’ai essayé d’être missionnaire en demandant à la beauté d’être servante du Christ, en mettant dans les notes parfois si rebelles comme le sourire du ciel, pour qu’elles soient chemin vers le Seigneur. » Lucien Deiss
Le père Deiss rappelle volontiers qu’il a composé Dieu de tendresse et Dieu de pitié pour un pèlerinage des étudiants à Chartres. Or, quelques jours plus tard, il a entendu, par hasard, un étudiant témoigner qu’à Chartres il avait découvert que Dieu est Dieu de tendresse et de pitié, plein d’amour et de fidélité. Le père conclut : « Cet étudiant reprenait, sans s’en rendre compte, le chant du pèlerinage. Si un chrétien — rien qu’un seul ! —, avait appris, grâce à ce chant, qui était Dieu : qu’il est tendresse et pitié, je dirais : Bénie soit cette musique ! et je m’estimerais heureux d’avoir été utile pour révéler ce Dieu. »
Lucien Deiss indique lui-même l’intuition fondamentale et la clé de toute son œuvre :
« [Je suis devenu compositeur] presque par hasard. Je faisais du ministère dans la petite communauté paroissiale du Bon Pasteur. J’ai voulu y faire chanter du grégorien, le chant officiel de l’Église. J’ai donc créé une chorale… et ça n’a pas marché. Cet échec a été pour mois une grâce. J’avais également découvert à quel point mes paroissiens ignoraient la Bible. Je me suis dit alors : Pourquoi ne pas utiliser la musique pour mémoriser les textes essentiels de la Bible ? J’ai pensé que la musique pouvait aider à mémoriser la Bible et à diffuser son message. »
La musique pour mémoriser les textes essentiels de la Bible
« L’amour de la musique, je l’ai hérité de mes parents. » Le père Deiss aime à rappeler tout ce qui a contribué à sa vocation et sa formation musicales : les encouragements de ses parents, l’excellence de la chorale de sa paroisse à Strasbourg, l’apport des pères Mâcher et Sutter, les cours à l’Institut de Musique Sacrée à Rome. Très vite, sa compétence et ses talents font merveilles. À Chevilly, le supérieur provincial lui donne carte blanche pour faire restaurer l’orgue ; d’autre part, les séminaristes sont très motivés pour le suivre dans toutes ses intuitions. Il puise son inspiration dans le chant grégorien et dans la polyphonie classique. Dès le début des années 1950, il compose ses premiers cantiques, qu’il enregistre avec la chorale de Chevilly et l’apport des voix féminines de la chorale d’Elisabeth Brasseur.
Extraits de l‘article Le P. Lucien Deiss et le renouveau de la liturgie de Robert Metzger paru en 2002 dans Mémoire spiritaine
A l’occasion du centenaire de sa naissance, le choeur de la charité nous fait l’honneur de reprendre plusieurs de ses chants qui ont marqué l’église et les paroisses de par le monde. Les Journées du patrimoine sur le thème Patrimoine pour tous le 18 et 19 septembre rappelent combien le répertoire musical de Deiss est un patrimoine précieux pour les spiritains et pour le chant liturgique.