C’est la dernière phrase de l’Évangile que nous méditons ce jour.
Le Seigneur s’émerveille devant la détermination des accompagnateurs du malade. Ils contournent la difficulté : la foule qui entoure Jésus. Quelques tuiles écartées, et voici le malade devant le Seigneur. Voyant leur foi, le Christ agit.
La chose extraordinaire que je vois c’est l’émerveillement du Christ devant ces hommes. “Voyant leur foi”… Comment est-elle notre foi qui, par des actes, ferait l’émerveillement du Christ ? Ces gens n’auront ménagé aucun effort pour manifester leur solidarité avec le malade. L’évangile est discret sur les liens entre le malade et ses ‘’brancardiers”. Des membres d’une même famille ? Des amis ? Peu importe. ‘Fraternité tutti’. Tous frères. Une fraternité active. Pas un slogan. Une fraternité qui induit une solidarité sans failles. La peine du prochain étant la mienne, et son combat le mien. Son besoin de relèvement pour prendre part à la vie sociale est aussi le mien.
Le quotidien nous donne tant d’occasions de ‘ surprendre ‘’ le Seigneur qui, voyant notre foi, décuple nos forces et nos énergies, afin qu’à travers nous et avec nous, pour notre plus grande joie, se réalise le miracle tant attendu.
On ne saurait être solidaires du prochain de façon pertinente sans prise de conscience de sa douleur, de sa peine. Sans jugement. Ce tendre jugement que l’on est souvent tenté de chérir afin de s’enfermer dans la bulle de l’indifférence. Quelle bien bonne consolation que cette exclamation ‘’ On ne peut pas accueillir toute la misère du monde ‘’, et pourtant dans nos cœurs le Seigneur fait couler une source qu’il nous demande de mettre à portée de ceux et celles qui ont faim et soif de justice et paix. Le pauvre n’a pas besoin de notre ‘’charité’’. Il a d’abord besoin d’amour.
L’amour dans la vérité (lire Pape Benoît XVI) c’est là que se déploie , se décline toute fraternité authentique.
Osons cette foi qui réjouit le cœur du Seigneur. « la foi, cette ferme assurance des choses qu’on espère, une démonstration de celles qu’on ne voit pas » (Hébreux 11:1), cette foi, cette confiance ouvre un autre horizon. Elle est en mesure de rendre l’avenir meilleur.
La chose extraordinaire que je désire voir ce n’est pas tant le miracle du Seigneur – il en fait tant – mais des frères et sœurs solidaires en vérité pour un monde meilleur. Et le Seigneur fera encore plus.
Que le Seigneur nous donne de vivre en cet Avent une conversion en profondeur.
Chrislain Loubelo, spiritain à Marseille