Que jeunesse se fasse ! Un petit moment de folie les pieds dans l’eau! Cyrill, Ajai, et Santa, postulants spiritains gardent le sourire dans l’inondation de la communauté en ce début de décembre. Bientôt, à la décrue, il va falloir tout sortir, ouvrir la maison, nettoyer du haut en bas : l’humidité est dans les murs, le moisi est visible jusqu’aux plafonds, l’heure ne sera plus à la rigolade. Et les voisins auront besoin d’un coup de main : les personnes âgées seules, les personnes handicapées. Nos jeunes sont généreux dans l’effort, penser aux autres plus démunis est déjà leur vocation, ils ont choisi de servir les plus pauvres dans notre Congrégation du Saint Esprit.
Le Père Sébastian, ordonné prêtre il y a 4 années, était envoyé en Zambie par la Congrégation : « je veux, disait-il, servir dans un pays pauvre, en Afrique. » Au bout de 2 années de service, au milieu de la population, il était heureux. Soudain, la Covid l’a touché : il fut emmené à l’hôpital local, il avait besoin d’oxygène, puis transporté à l’hôpital de la capitale. Mais, au cours du transport, des coupeurs de route les ont dépouillés et abandonnés dans la brousse. Retrouvé par les villageois par miracle, il fut transporté jusqu’à Lusaka, la capitale. Plusieurs jours sous oxygène, il s’en sort là encore miraculeusement. Quelques semaines après, souffrant encore des poumons, il fut évacué sur l’Inde à Chennai, où il fut admis à l’hôpital pour soigner l’infection de ses poumons.
Le voici dans le terrain inondé en ce début décembre. Pendant ce temps de l’Avent, il partage la condition difficile de tellement de personnes dans le monde, celles qui n’ont pas de pain, celles qui ont fui leurs maisons, celles qui n’ont pas d’emploi, celles qui sont dans les camps de migrants. Aujourd’hui le Père Sebastian est encore à Chennai, fragile, mais au service de la communauté de formation, en attendant que l’épidémie de Covid se calme pour envisager un retour en Zambie.
En ce temps de la mousson, de l’inondation, nul doute que le Seigneur est à leurs côtés, qu’il les aime et les chérit. Un beau Noël décoré dans la maison, une chapelle avec la crèche crée, des cadeaux… tout cela fera défaut. Mais ce Noël « perturbé » apprendra aux jeunes de la communauté l’aventure du Fils de Dieu, qui est né au long d’un voyage, couché dans une mangeoire, avec ses parents Joseph et Marie, pauvres mais aimants.
Ce temps désolant de l’Avent n’effacera pas la joie de Noël : « le Seigneur vient ». Dieu en son Fils Jésus vient chez nous parce qu’il nous aime.» Leurs cœurs gardent tout espoir. La Bonne Nouvelle de Dieu parmi nous est merveilleuse.
Serge Ballanger, spiritain de retour de mission en Inde, dans l’équipe provinciale à Paris