“Loué sois-tu, Seigneur, pour notre sœur Eau, qui est très utile et très humble, précieuse et chaste” Saint François d’Assise
L’eau, essentielle à la vie des hommes, joue un rôle important dans la pensée et dans les rites chrétiens. C’est dans le sacrement du baptême que se déploie toute la grandeur de l’eau, source de vie sur terre mais aussi signe de la vie divine offerte aux hommes. Dieu créateur, Dieu maître de l’univers, est celui qui contrôle les “eaux d’en-haut” et celles “d’en-bas”, c’est-à-dire la pluie mais aussi la rosée, les lacs, les fleuves et les mers. Il n’a que faire des frontières tracées de mains d’hommes. “Il répand la pluie à la surface de la terre, il arrose les campagnes”, dit Job (Jb 5,10).
Ce que nous enseigne la foi, c’est que l’eau n’appartient pas aux hommes qui n’en sont que les administrateurs. L’homme de la Bible sait ce que sont le désert, la soif ardente et la valeur de l’eau. Il connaît l’importance du puits, celui où se rassemblent les femmes, celui où les époux se rencontrent, celui où, un jour, Jésus annoncera le Royaume à la Samaritaine.
C’est sans doute autour de l’eau quand elle est respectée et partagée que se rencontrent les hommes en vérité et que, parfois, ils croisent Dieu qui leur demande la grâce d’être désaltéré. C’est pourquoi l’Église s’est toujours engagée pour rappeler le principe de la priorité du bien commun de la famille humaine. Les problèmes liés à l’eau sont d’abord dus aux déséquilibres de nos sociétés fondées sur la recherche effrénée du profit, sur le mépris des pauvres et de la création.
C’est ici une exigence de justice et de solidarité qui s’exprime avec, à terme, la question de la paix ou de la guerre. Plutôt que de voir dans la frontière un signe de division et une invitation au repli frileux ou au contact belliqueux, l’Église invite les peuples et les cultures riverains des grands lacs et des fleuves à “faire mémoire de ce qui les unit, et à rappeler que c’est seulement en vivant dans la concorde qu’ils peuvent jouir des opportunités que cette région offre”.
Le bien commun que l’Église encourage la mise en place des conditions sociales permettant à tout homme d’atteindre au développement intégral. La garantie de l’accès à l’eau implique de la part des politiques des choix concrets et courageux, des choix qui n’ignorent pas la dimension incontournable de la charité et du partage.
L’eau ne se fabrique pas.
Aujourd’hui, des groupes privés s’approprient le bien commun et les infrastructures, et ils n’hésitent pas pour des raisons économiques à mettre en péril les écosystèmes les
plus fragiles nous faisant entrer dans un cercle vicieux qui aggrave sans cesse la crise écologique que nous traversons.
Où est la miséricorde, où est la justice particulièrement pour les pays les plus pauvres ? La question de l’accès à l’eau se pose, car il est rendu parfois impossible en raison des guerres, des conflits frontaliers, mais aussi du coût. Au commencement du monde l’Esprit planait sur les eaux. Puisse aujourd’hui ce même Esprit venir nous éclairer pour nous faire prendre conscience du don inestimable que Dieu nous a fait au travers de la Création ! Sans eau nous mourrons.
“J’avais soif et vous m’avez donné à boire” (Mt 25,35).
Saurons-nous comprendre avant qu’il ne soit trop tard que notre gestion de l’eau dit quelque chose d’essentiel de notre rapport à Dieu et à nos frères ?
Mgr Georges Colomb, Évêque de La Rochelle et Saintes, Directeur national de la quête Pro Afris, Vice-président d’Aide aux Églises d’Afrique
Comme chaque année, l’Église de France organise une collecte le dimanche de l’Épiphanie pour soutenir les projets pastoraux sur le continent africain. Cette quête pontificale est une occasion d’exprimer, par la prière et par le partage, notre soutien à 224 diocèses dans 28 pays d’Afrique. Ces diocèses, par leur vitalité et leur vive espérance, sont un vrai témoignage pour notre Église de France. Aide aux Eglises d’Afrique