ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT MATTHIEU 5,1 3-16Jésus disait à ses disciples: Il ne vaut plus rien: on le jette dehors et il est piétiné par les gens.Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison.De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux.»
Vous êtes sel et lumière
Attention, les choses vont très, très vite …C’est incroyable, la promptitude avec laquelle Jésus nous passe le flambeau de la lumière… Dieu est incroyablement patient… mais quand il faut y aller, faut y aller! La Lumière a brillé dans les ténèbres… Nous avons vu et entendu … Et hop …vous êtes le sel de la terre…la lumière du monde…
Laissons-nous saisir par cette vision vraiment totalement étonnante du Christ. Passage de flambeau?
Il s’agit de bien davantage. Dans la profondeur, et ce n’est pas possible autrement, le Christ s’agrège immédiatement à Celui qui s’ouvre à lui, qui l’accueille. Comme on le comprendra petit à petit, Il fait de lui son corps, le membre de son corps sa vie circule en lui. Et il continue à se donner à travers lui. Cela est vrai de chaque disciple en qui il vient faire sa demeure. Et cela est vrai de sa communauté sous toutes ses formes, paroisses cellules, équipes sel en lui lumière par lui
CAR, nous ne devons pas nous méprendre, ni bomber le torse trop fort.
«Vous êtes sel», dit Jésus et pourtant il connaît toutes nos limites et les faiblesses de ceux qu’il a devant lui et les nôtres. Et pourtant «vous êtes” dans le sens vous avez reçue, la lumière. Elle n’est pas de vous. Elle sort de vous. Elle vous traverse. Elle est grâce, totalement grâce. Et pourtant vous êtes car sans vous, elle ne peut pas resplendir. Sans votre accueil sans votre conversion, sans votre propre transfiguration. Sans son incarnation en vous. Sans votre chair transformée
Laissons parler l’image … sa nature … son goût … Son “donner goût”. Son « se dissoudre» dans un beau «sacrifice» de lui-même..
Du sel qui devient fade, vous en avez déjà goûté? Et des chrétiens devenus fades, vous en avez déjà rencontrés?
Pour l’anecdote : à l’époque de Jésus, on salait les viandes qu’on allait offrir en sacrifice aux dieux et à Dieu pour qu’elles soient meilleures, plus goûteuses
La lumière, c’est très «différent» du sel. C’est une autre manière d’être témoin. En fait, nous, le sel, ça ne nous gêne peut-être pas trop. Mais la lumière. Être lumière? ça c’est gênant! Traversons cette gêne. Laissons-la parler. Si les gens ne peuvent pas dire: «Voyez comme ils s’aiment», comment voulez-vous?
Vous vous rappelez la fameuse réponse de Ghandi? Des gens lui demandaient pourquoi, alors qu’il citait souvent les paroles du Sermon sur la Montagne, il refusait de suivre le Christ? Il a répondu : «Je ne rejette pas le Christ. J’aime le Christ. C’est juste que beaucoup d’entre vous, chrétiens, vous êtes très différents du Christ. Si les chrétiens vivaient réellement selon les enseignements du Christ, tels qu’ ils sont dans la Bible, toute l’Inde serait chrétienne aujourd’hui. » On prônait l’enfouissement au cœur des réalités il n’y a pas si longtemps. Être sel! Et c’est juste, bien sûr. Mais comment faire pour redevenir aujourd’hui un peu «lumière» sur le lampadaire? Sans cesser pour autant d’être présent sur le pont avec les autres?
Il est alors bon de lire la phrase jusqu’au bout. Qu’avons-nous à exposer en pleine lumière? Nos bonnes mines, nos bonnes consciences, nos belles croyances, nos super prières, ou la majesté de nos célébrations ?
Non, car Jésus prend bien soin d’ajouter : «alors, en voyant vos bonnes œuvres»
Hélas, nous voici mis au rouet car nous connaissons nos misères. Et il ne suffit pas de désigner le voisin de gauche ou le voisin de droite. Il y a les grands scandales. Et c’est facile «d’être en colère» Mais aussi et surtout, sans doute, les misères habituelles et quotidiennes. Nous ne sommes guère nous-mêmes des lumières mais n’avons-nous pas à porter une lumière? Cette lumière qu’il faut brandir et ne pas mettre sous le boisseau.
La lumière de la Parole de l’Évangile devenue vraiment Bonne Nouvelle pour nous, celle du cœur de notre foi, celle de la foi en notre vocation divine, celle de la parcelle de bonté que le Seigneur nous donne de vivre! Belle méditation!