Au pied de la Croix
Marie et Jean, seuls au pied de la Croix, représentaient déjà l’Eglise, qui allait bientôt naître du côté transpercé du Christ ; avec eux, nous sommes les héritiers des paroles que le Christ a prononcées juste avant de mourir : un appel d’amour qu’Il nous a chargés de transmettre au-delà de toute frontière.
Au calvaire, Marie – mère de Jésus – est devenue mère de l’Eglise quand Jésus lui a dit Femme, voici ton fils et quand il a dit à Jean : Voici ta mère . Marie a parcouru tout au long de sa vie le chemin d’une foi qui s’est approfondie sans cesse, s’émerveillant, dans un Magnificat permanent ; mais elle a traversé aussi, aux côtés de son Fils, les épreuves, les angoisses qui ont culminé avec la Croix : « Heureux ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique. Marie a écouté plus que tout autre la volonté de Dieu, dans l’audace du oui prononcé au jour de l’Annonciation, dans la fidélité de sa foi, au jour de la crucifixion de Jésus son enfant ; et elle sera toujours là pour dire oui à sa mission d’enfantement de son Fils dans la vie de l’Eglise, dans notre propre vie.
Nous sommes invités à parcourir le même chemin intérieur que Marie ; laissons-nous atteindre par l’abandon et la confiance qui ont été dans le silence, celui du Cœur de Marie et celui de Jésus, nous attachant à lui de façon de plus en plus étroite ; vivant dans notre propre vie sa Passion et sa Résurrection.
Le côté ouvert
Méditons le geste du soldat ouvrant avec sa lance le côté de Jésus qui vient de mourir, blessure dont il sort du sang et de l’eau. Non seulement Jésus est mort après avoir tout donné de lui-même, mais comme si cela ne suffisait pas, il y faut encore ce geste voulu pour l’achever ; mais Jean en perçoit toute la portée symbolique. Le côté ouvert de Jésus, c’est l’expression ultime de l’amour jusqu’à la fin que Jésus a signifié au moment du lavement des pieds. Il en sortit du sang et de l’eau. La tradition chrétienne y a vu le symbole des sacrements de l’Eglise, l’eau du baptême et le sang de l’eucharistie.
La Croix glorieuse, source d’eau vive
Quand les premières communautés chrétiennes ont commencé à célébrer le mystère de la Croix, mystère qu’elles vivaient dans l’épreuve et la persécution, elles aimaient représenter la Croix comme une source, devenant un fleuve irriguant la Création entière et redonnant vie à notre terre. St Jean citant le prophète Zacharie disait au sujet du Messie : Ils regarderont vers moi, celui qu’ils ont transpercé. Et Zacharie avait ajouté : il y aura une fontaine ouverte purifiant le peuple, et… des eaux vives, sorties de Jérusalem, se déverseront vers l’Orient et l’Occident, hiver comme été : Aujourd’hui, où la planète des hommes se trouve confrontée à une soif qui tourmente autant la terre que les hommes, la mission des chrétiens est plus urgente que jamais : aider humblement tous nos frères et sœurs en humanité à lever leur regard au-dessus d’une actualité aux horizons brouillés ; leur montrer que le présent et l’avenir sont porteurs d’une Bonne Nouvelle, la Croix glorieuse, vers laquelle tous sont invités à tourner leur regard, est plus que jamais Source d’eau vive.
François Nicolas , spiritain à Chevilly Larue