Chaque année, le temps pascal s’achève avec la solennité de la Pentecôte. C’est une date significative pour l’Église, qui marque le début d’un temps nouveau. On peut parler d’une date «anniversaire» de l’Église en ce sens que c’est le jour où le premier groupe, que Jésus avait laissé derrière, est sorti de sa cachette pour se montrer au grand jour.
La parole de Dieu nous rappelle comment Jésus précise ce que sera le cahier de charge de l’Esprit Saint qu’il appelle le «Défenseur». Il a pour charge d’enseigner, de rappeler, de reprendre, de faire sortir des ténèbres, de l’ignorance pour laisser jaillir la lumière. Le petit noyau, que Jésus avait laissé derrière, vit dans la peur des autorités religieuses. Ils se déguisent parfois pour sortir. Leur avenir n’est pas certain. Bien sûr, ils ont tous vu le Seigneur ressuscité, mais ils n’osent pas en parler en dehors de leur petit cercle. Ils seraient restés verrouillés dans leur cachette, n’eût été la venue du Saint-Esprit. La Pentecôte marque un nouveau départ dans l’œuvre de Jésus-Christ.
Oser témoigner de la Bonne Nouvelle
Le temps de l’Église commence. Les apôtres reçoivent une force, du courage, une intelligence, si bien qu’ils ne peuvent plus rester cachés derrière des portes verrouillées. La peur les quitte. Ils osent crier haut et fort les merveilles de Dieu. Bonne Nouvelle pour toute la terre On les entend parler des langues étrangères. Du moins, quand ils parlent, on les comprend dans d’autres langues. La Bonne Nouvelle est pour toute la terre. À partir de la Pentecôte, les disciples n’ont plus le droit de garder pour eux seuls la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. L’Esprit qu’ils ont reçu les pousse à l’engagement. C’est comme un feu qui brûle dans leurs cœurs et que rien ne peut éteindre. Plus tard, saint Paul dira : «Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile !» (1 Cor 9, 16), et saint Pierre : «Soyez prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de l’espérance qui est en vous» (1 P 3, 15).
Les disciples d’aujourd’hui devront faire l’expérience de la Pentecôte pour être animés du Saint-Esprit. C’est lui qui vivifie, qui fait de nous des témoins de l’amour de Dieu dans un monde où les intérêts personnels dominent. Sans l’Esprit Saint, nous ne pouvons pas rendre compte de l’espérance qui nous habite. Nous risquons de garder, pour nous seuls, le don précieux qu’est l’amour de Dieu, la connaissance de l’amour de Dieu pour tout homme. Agir au grand jour Animé par l’Esprit Saint, il est impossible de rester indifférent. Les disciples d’aujourd’hui devront sortir de leur cachette et se laisser voir au grand jour. Le langage de leur foi, témoignage avant d’être discours. Il doit être entendu même par les personnes qui ne croient pas comme eux. À force de les voir agir, de les voir intervenir et prendre position sans équivoque sur les affaires courantes, les autres finissent par entendre ce qui les motive.
Si l’Église doit remplir son rôle dans la construction d’une société de plus en plus meilleure – ce que nous appelons autrement «le règne de Dieu» –, il faut que les disciples d’aujourd’hui vainquent leur peur et osent dire, dans un langage clair, qu’ils ne feront pas un certain nombre de choses parce que l’Esprit de Dieu s’y oppose. Aucune autre preuve que l’Esprit de Pentecôte est à l’œuvre en nous, lorsque notre tiédeur se dissipe pour devenir engagement, lorsque la peur du «qu’en dira-t-on» recule devant notre courage, lorsque même ceux qui trahissent notre confiance ne peuvent nous obscurcir indéfiniment le visage du Christ.
Richard Fagah