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“Heureux es-tu, si toi aussi, franchissant la porte du pénitencier, tu viens rencontrer ton frère. Peut-être, à son tour, un jour, ayant croisé le regard d’un homme libre, il saura te dire : «Mon frère !» Alors, tous les deux, vous entendrez le Roi vous dire : «Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui a été préparé pour vous.» Et plein de reconnaissance vous saurez que Jésus vous a libérés, lui de son état de prisonnier, toi de ta bonne conscience!” Louis Cesbron

Franz Lichtlé présente le reportage de la revue d’été en ces mots : “En ce temps de vacances, qui est un temps de liberté, notre revue a choisi de parler de celles et ceux qui en sont privés et qui vivent souvent douloureusement ces mois d’été. Dans les lieux de détention, en prison ou en maison d’arrêt, l’enfermement pèse plus lourd car les activités sont au ralenti. Le personnel est au minimum. Les visites sont espacées. Il est parfois difficile de trouver des prêtres pour venir célébrer au cours de l’été. Avec la chaleur, les tensions montent et nous entendons souvent combien la révolte gronde et parfois éclate dans les prisons en été. Dans la bible, parmi la population fragile à laquelle Dieu demande souvent à être attentif, il y a les captifs. 

Attentif aux recommandations de Jésus, l’Église a toujours eu de la compassion pour les prisonniers. La privation de liberté touche à ce que l’homme a de plus sensible. Sur la région parisienne, ce sont cinq spiritains qui acceptent de célébrer le samedi ou le dimanche à la maison d’arrêt de Fleury Mérogis qui est le plus grand centre de détention d’Europe. Nous les avons rencontrés et ils nous ont dit comment ils vivaient ce ministère, chacun à sa façon.

“Je prépare une homélie, mais j’avoue que je l’abandonne toujours pour trouver des mots qui puissent rejoindre les détenus dans leur vie, les consoler, les encourager, les soutenir, rejoindre leurs souffrances, au fond de leur cœur. Bien sûr, l’Esprit Saint n’est pas resté à la porte de la prison le jour où on les a incarcérés. Rien ni personne ne peut enlever cette Présence sacrée de leur cœur, comme pour toute personne. Ce lieu et ce temps sont précieux: impression de ne plus être en prison, d’être ailleurs…Il y a là une confiance possible, un message vrai, une parole qui parle, qui est du bon pain pour la semaine à venir, une parole qui rend une humanité à leur cœur, une amitié avec Dieu, une présence à Dieu et sûrement des guérisons se traduisant par un chemin inconnu qui s’ouvre pour eux.Ils sont pour moi des frères et ils languissent de nous revoir.” Serge Ballanger

“Comme président de l’Eucharistie chargé de l’homélie –jamais écrite mais adressée face à face –, je prends bien soin de ne pas mettre en œuvre une religion-évasion mais au contraire une religion de vérité et de libération, invitant à jeter un regard exigeant sur sa vie, sur le passé tel qu’il a été et qui les a amenées ici, mais en insistant sur la Bonne Nouvelle fondamentale à elles adressée: Dieu vous aime, rien ne pourra vous séparer de cet amour si vous y consentez, même pas les murs de cette prison.

Alors que le système carcéral par lui-même est destructeur, il faut rappeler l’éminente dignité de chacune aux yeux de Dieu qui ne nous enferme jamais dans nos erreurs et nos péchés. Encore faut-il vivre en jetant un regard exigeant sur sa vie, sur le passé tel qu’il a été et aussi sur la façon de vivre aujourd’hui en détention, les unes avec les autres (ce n’est pas évident!), sur l’avenir qu’il faut préparer. C’est une chance et un honneur pour moi d’avoir eu, pendant plus de 20 ans, une telle paroisse en lien avec les Sœurs des prisons. Difficile à un Spiritain de ne pas sentir qu’il est à sa place dans ce «monde à part», s’il veut être fidèle à sa vocation de passeur de frontières, au nom d’une Bonne Nouvelle que rien n’enferme et qui libère… même derrière les murs d’une prison.” Témoignage de Paul Coulon qui fut le premier aumônier auprès des femmes lorsque le centre pénitentiaire de Fresnes leur fut ouvert.

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Jésus est venu nous libérer de la religion aliénante. «La vérité vous rendra libre»-Jn, 8, 32; «C’est à la liberté que vous êtes appelés» Ga 5, 13. C’est librement que Dieu s’est fait homme. C’est librement qu’il nous a libérés du mal et de la mort. C’est librement qu’il s’est livré sur la croix, c’est librement qu’il nous a fait participer à sa résurrection…les contraintes de la loi se sont transformées en commandement de l’amour, liberté suprême à laquelle Dieu nous fait participer.” Franz Lichtlé

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