Il a suffi de dire oui
La liturgie de ce jour évoque Abraham : des millions d’hommes aujourd’hui le considèrent comme leur père dans la foi ; une foi par laquelle Dieu l’avait invité à quitter ses horizons habituels pour les espaces inattendus qu’Il lui montrerait jour après jour. Au fond de lui-même, Abraham savait qu’au- delà du déplacement géographique il se mettait en route vers Celui dont le nom était « au-dessus de tout nom » : bien au-delà des approches religieuses de l’antiquité Il allait se révéler unique et aimant, tendant la main vers l’homme pour le sauver. Abraham allait de l’avant avec une belle promesse : « je bénirai en toi toutes les nations de la terre ».
Abraham est un vrai père pour nous, car il a été le premier homme à oser faire totalement confiance et dire « oui » à Dieu, à s’engager totalement sur sa Parole : « Seigneur, que ton amour soit sur nous, comme notre espoir est en toi »
Le « oui » d’Abraham sera rejoint un jour par celui de Marie et trouvera son achèvement dans le Oui du Fils de Dieu, acceptant de venir habiter parmi nous. Il a suffi d’un seul Oui pour casser la chaîne du mal qui nous relie au « non » du premier couple. Chacun de nous, sait qu’un simple oui, un simple engagement relié au Seigneur dans la force de son Esprit, peut avoir plus de fécondité que bien des paroles inutiles ! Le monde peut changer par la force de mille petites « révolutions tranquilles » où la disponibilité l’emporte sur la peur ou la haine. Beaucoup sont ainsi appelés à bâtir une terre nouvelle en étant artisans d’un Royaume de paix, de fraternité et de justice, et s’engageant ainsi pour cela le chemin proposé par les Béatitudes.
Homme « augmenté » ou « transfiguré » ?
L’évangile de ce jour nous fait entrer dans le pays promis à Abraham : celui d’une humanité transfigurée dans le Christ. L’homme transformé par le Mystère Pascal, ne sera pas « l’homme augmenté » dont on rêve aujourd’hui mais l’homme nouveau, mort et ressuscité dans le Christ. Pierre, en suggérant dans son émotion de dresser trois tentes sur la montagne ne savait pas qu’il était urgent de ne pas s’arrêter en chemin : le bonheur était lié aux étapes à venir. La Transfiguration de Jésus a aidé les disciples à se préparer aux épreuves qui les attendaient et à entrer par elles dans le Mystère Pascal.
Il restait un chemin à parcourir en descendant de la montagne, mais avec le Seigneur et sur son propre Chemin : après le drame du calvaire et la surprise du tombeau vide, Jésus le ressuscité serait avec nous pour toujours : Par Lui, avec Lui et en Lui, nous pourrons dans la foi prier le Père dans la lumière de son Esprit.
Les disciples ont vu Jésus, sur la montagne, se transfigurer à mesure qu’il priait : dans son humanité Il vivait alors le bonheur d’être le Fils, le Père disant alors aux trois témoins : « Celui-ci est mon Fils bien aimé, écoutez-le ». Trop beau pour être vrai ? A la veille de sa passion Jésus se verra obligé de rappeler affectueusement à Philippe :« « Depuis le temps que je suis avec toi, tu ne me connais pas ? Qui me voit, voit le Père » !
Il nous faut tout le chemin de la foi, avec l’aide de l’Esprit pour devenir pleinement conscients du bonheur de celle-ci, de ce chemin nouveau qui est un don de Dieu.
Une vocation sainte
C’est ici que St Paul, dans la deuxième lecture, vient nous encourager : Il nous parle de notre vocation sainte, notre vocation de baptisés, de cette grâce qui nous habite et qu’il a rendue visible aux yeux des disciples au jour de sa Transfiguration ; elle se manifeste visiblement dans nos vies quotidiennes par bien des signes, que l’Esprit Saint peut nous aider à reconnaitre, dans nos joies et nos épreuves, tout spécialement en ce temps de la préparation de la Pâque.
Toute vraie prière en fait nous transfigure et contribue à sauver le monde : elle est ouverture à tous les possibles de Dieu en nous, à toutes ses lumières : dans la prière, l’image du Fils s’imprime en nous et nous unifie en elle, jusqu’à ce que nous lui soyons semblables. En fait, chacun est transfiguré dans sa prière selon ce qu’il est. L’Esprit Saint met alors « sa lumière dans nos esprits et répand son amour en nos cœurs ».
Ce qui est vrai de chacun l’est aussi de chaque communauté d’Eglise : si elle rayonne du bonheur de la foi elle pourra donner a beaucoup au moins l’envie de planter leur tente auprès d’elle.
En montée vers Pâques
La montagne a été un moment privilégié choisi par Jésus pour qu’ils vivent de façon intense l’expérience de la rencontre avec le mystère divin. Il nous est donné aussi de vivre en ce temps de carême, si nous le voulons bien , d’accueillir la lumière d’une vraie rencontre avec le Christ. « depuis le temps où je suis avec toi tu ne me connais pas ? .
François Nicolas, spiritain à Chevilly Larue