Quelques mots sur mon parcours…. et ce que j’en retiens pour l’essentiel.
Une relecture de vie, non pas pour tomber dans la nostalgie, mais pour essayer de discerner à travers les grandes étapes de ma vie missionnaire et de religieux ce qui m’a permis de grandir dans ma foi et ma vie chrétienne. Et je pense que cet exercice fera écho au parcours de vie de chacun. Etienne Lefèvre, spiritain à Chevilly Larue
Mon parcours de vie et ce que je peux en dire
Après près de 50 ans d’engagement comme prêtre-missionnaire, qu’est-ce que je peux dire ?
Jamais je n’aurais imaginé la mission que j’ai vécue réellement. Bien différente de celle que je rêvais, avec certainement beaucoup d’idéal.
A travers les étapes : 17 ans de mission de brousse au Gabon à Koula-Moutou, 18 ans de responsabilités au niveau de l’animation de mes confrères : 9 ans à Libreville et Douala ; 6 ans à Paris et 3 an1/2 à Valence. 10 ans dans une communauté pour lancer un projet d’accueil à Allex et bientôt 5 ans dans la communauté d’aînés de Chevilly
9 points phares que j’en ressors
- Chance d’avoir toujours vécu en communauté de frères ; avec la découverte progressive de la vie ensemble et de ses exigences.
- Une mission qui m’a permis de me donner, de m’épanouir, dans la découverte d’une autre culture, d’autres valeurs et richesses… ce qui a aiguisé l’écoute, le dialogue, le respect de l’autre dans sa différence…
- Des responsabilités qui m’ont fait découvrir mes limites, l’importance de l’attention à l’autre, l’accompagnement, la bienveillance, le respect.
- La nécessité de trouver des forces pour assumer les responsabilités, de chercher des soutiens, auprès des autres, d’avoir une équipe qui permet de se faire aider.
- Des responsabilités qui ont été pour une moi une école d’humilité et de service. Surtout dans l’animation d’une communauté au service de mes frères…
- L’importance de trouver un lieu de ressourcement, de prise de recul, de mise à distance, pour souffler, respirer, se reposer…. : Retraites, prière personnelle et communautaire.
- Se poser toujours la question de la place du « pauvre » dans ma vie, dans ma mission, dans mon engagement, pour ne pas me complaire dans une sorte de « bulle » de confort.
- Savoir se laisser interpeller, se remettre en cause…
- Dans une relecture de ma vie, sous le regard de Dieu, discerner les signes de Dieu, de son Esprit-Saint, des clins d’œil, qui disent la fidélité de Dieu et son soutien, surtout dans les moments difficiles ou dans les imprévus. Une relecture qui débouche sur une action de grâce au Dieu qui est fidèle et pour qui j’ai du prix à ses yeux…
Neuf convictions que je mets en lettres d’or dans ma règle de vie
- Oui au service : non au « Moi d’abord » Oui à l’humilité, non au « Moi, le plus fort et le meilleur »
- Oui au travail ensemble, non au « Moi, tout seul », non à l’individualisme. Oui à l’ouverture, à l’accueil, non au « Moi dans ma bulle de confort »
- Oui à l’espérance, savoir rebondir dans les difficultés, trouver des forces pour gérer les conflits, avancer dans les épreuves… « Non au repli sur soi et à la démission »
- Oui au dialogue, respect de l’autre dans sa différence, non « au monologue, au savant, à celui qui veut avoir toujours raison et vit dans ses certitudes.
- Oui au témoignage, non aux discours et aux paroles vides et sans saveur.
- Oui à la force de Dieu, l’Esprit Saint, non aux idéologies, aux idoles mensongères.
- Oui à la confiance, non à la suspicion, aux accusations et aux condamnations faciles.
- Oui à la Vérité, à la cohérence entre les paroles et les actes ; non à l’hypocrisie, à la comédie, aux mensonges, aux masques, par peur des autres, de se montrer tel que l’on est avec ses limites et ses doutes.
- Oui à la paix, être artisan de paix… non à la haine, à la jalousie, à la vengeance, présents comme des petits démons dans nos cœurs.
Epilogue : Extrait d’Un temps pour changer du pape François p.199
En guise de conclusion, je reprends quelques paroles du pape François, dans un livre qui a pour titre « Un temps pour changer ».
Le pape donne quelques clés valables pour tous les temps, même au temps de la retraite, qui me semblent intéressants de noter :
« Deux mots me viennent à l’esprit : décentrement et transcendance
Vois sur quoi tu es centré, et décentre-toi. La tâche consiste à ouvrir des portes et des fenêtres et à aller au-delà…. Ce qu’il faut éviter, c’est la tentation de se centrer sur soi-même.
Une crise t’oblige à bouger, mais on peut bouger sans aller nulle part….
Il y a une sorte de marche en avant qui te plonge toujours plus profondément dans ta coquille, comme un labyrinthe…
Le pire qui puisse nous arriver est que nous restions derrière à nous regarder dans le miroir, étourdis par tant d’errance sans issue.Pour sortir du labyrinthe, nous devons aller à la rencontre des autres : pour regarder les yeux, les visages, les mains et les besoins de ceux qui nous entourent ; et ainsi trouver aussi nos propres visages, nos propres mains pleines d’opportunités…
Laisse-toi entraîner, secouer, défier.
Lorsque tu sentiras le déclic, arrête-toi et prie. Lis l’Evangile, si tu es chrétien. Ou crée simplement un espace en toi pour écouter. Ouvre-toi…décentre…transcende. Et ensuite agis. Rends visite, offre tes services.. » Pape François
Relecture de 50 ans d’ordination, Etienne Lefèvre