“On doit souvent à des chrétiens d’avoir été à l’origine des assurances, des crédits pour les plus pauvres, de l’épargne solidaire, et bien d’autres encore. Et on pourrait citer bien des noms qui ont marqué l’histoire par des initiatives en faveur de la solidarité et d’une vie plus proche de l’idéal évangélique. Jésus reconnait l’importance de l’argent quand il est un outil et non un maître” François Nicolas
Dans l’Evangile, Jésus parle souvent de l’argent : pour faire l’aumône, pour dire la joie de retrouver la pièce que l’on a perdue ; à propos de l’impôt et du salaire, à propos aussi des dettes que l’on a ou des talents à faire fructifier. Jésus reconnait donc l’importance de l’argent comme expression des échanges entre les hommes, mais il en souligne le danger la richesse est recherchée pour elle-même et s’il est devenu notre maître alors qu’il est un simple outil . .
Le récit d’aujourd’hui 18 septembre décrit une affaire de corruption ou de fausse facture, semblable à celles dont parlent souvent les medias d’aujourd’hui. Et il nous dit que bien des gens, pourtant très habiles et intelligents, se laissent prendre par ce que Jésus appelle l’argent trompeur. L’argent est utile, mais soyons vigilants, il est plus malin que nous : Vous croyez le posséder ; c’est lui qui vous possède.
Le goût de l’argent
Un certain goût de l’argent pousse ceux qui en ont à en avoir davantage, au détriment de l’honnêteté, de la justice et aussi des plus pauvres. C’est ce qui fait réagir avec force Amos (-800) contre ceux qui de son temps écrasaient déjà les pauvres. Aujourd’hui, il peut y avoir un danger supplémentaire du fait que l’argent, souvent, n’a pas de visage : il est devenu « virtuel ». Faute de vigilance, on peut ne pas se rendre compte que l’on fait parfois du tort aux autres en améliorant ce que nous possédons : et c’est ainsi que dans notre monde tous ne voient pas que les riches deviennent de plus en plus riches mais avec cette conséquence que les pauvres, de ce fait, sont de plus en plus pauvres. Ainsi, dans l’Evangile, Jésus nous rappelle qu’il est difficile pour un riche d’entrer dans le royaume des cieux ;
Que font les « fils de la lumière » ?
Dans la parabole d’aujourd’hui Jésus regrette que les gens mettent davantage leur habileté ou leur intelligence au service de l’argent, (et surtout de l’argent malhonnête), qu’au service du royaume de Dieu. Comment se fait-il que les disciples de Jésus, les fils de la lumière, soient bien souvent si peu habiles et imaginatifs pour construire ce royaume Dieu ? Jésus nous demande de ne pas laisser l’initiative de l’intelligence aux « fils de ce monde». Mettons une véritable habileté au service de la lumière que Jésus nous a confiée pour tous: Jésus nous dit que ses disciples ont une responsabilité particulière pour introduire dans le monde de l’argent, comme d’ailleurs dans toutes les affaires humaines, un type de comportement où l’habileté, l’intelligence, l’imagination, le savoir faire auront un tout autre rôle.
Regard sur l’histoire
A travers l’histoire les chrétiens se sont montrés de fait souvent très inventifs, de bien de manières, pour annoncer l’évangile et pour améliorer le relations des hommes entre eux, y compris à travers l’argent : on doit souvent à des chrétiens d’avoir été à l’origine des assurances, des crédits pour les plus pauvres, de l’épargne solidaire, et bien d’autres encore. Et on pourrait citer bien des noms qui ont marqué l’histoire par des initiatives en faveur de la solidarité et d’une vie plus proche de l’idéal évangélique. François d’Assise, qui a su interpeler son époque sur le danger de l’accumulation de richesses qui commençait à étouffer la société de son temps. L’abbé Pierre a passé toute sa vie à réveiller ses contemporains et à poser des gestes audacieux en faveur des plus démunis. Mère Teresa qui a su trouver les gestes simples qui redonnaient de l’espoir aux mourants de Calcutta. Le P. Brottier, a mis au service des jeunes en difficulté, son habileté exceptionnelle à utiliser la publicité pour leur trouver des donateurs. Et les chrétiens d’aujourd’hui doivent aussi comprendre qu’ils doivent avoir un peu d’imagination pour aider leur propre église à survivre et à assurer son service. Il faut en tout cas que dans le monde d’aujourd’hui les chrétiens continuent d’être, au cœur du monde, des éveilleurs de la solidarité : une solidarité qui peut se décliner de bien des manières.
L’argent et le salut
Dans la 2 e lecture st Paul nous transmet une petite phrase au sens très fort : Dieu veut que tous les hommes soient sauvés : or, pour revenir à l’exemple de l’argent, s’il est à ce point trompeur, il doit effectivement pousser beaucoup de gens à se perdre. Comment pourront-ils éviter de le faire, sans que les disciples de Jésus et l’Eglise toute entière aident notre monde à inventer des comportements qui respectent l’homme et rende les hommes solidaires entre eux . Cela est vrai de l’argent mais aussi de bien des signes du comportement humain que seul l’évangile et ses témoins peuvent aider à transformer par la force de la grâce la mission que le Seigneur leur a confiée.
Orientations
Saint Paul nous invitait aussi à prier pour ceux qui ont des responsabilités particulières face à la société et face à l’argent. N’oublions pas que la prière est aussi une disposition de notre intelligence et de notre cœur pour transformer notre monde : faisons-le dans nos « prières universelles» ; elles sont aussi une invitation à passer à la pratique.
François Nicolas, spiritain à Chevilly Larue