La lumière du baptême
N’oublions pas que les textes du carême ont été choisis pour nous rappeler la lumière de notre baptême : ils nous invitent aujourd’hui, avec la guérison de l’aveugle à un parcours de foi pour que nos yeux s’ouvrent bientôt pleinement à la lumière de Pâques.
A chaque fois que nous ouvrons l’évangile nous voyons qu’il est rempli de symboles signifiants : ici, Jésus, avec sa salive et de la terre, fait de la boue dont il enduit les yeux de l’aveugle avant de l’inviter à aller se laver : il y a là une préfiguration des gestes sacramentels : ils soulignent toujours par des signes symboliques l’importance de notre corps et de notre lien avec la nature : l’eau, la terre et la « poussière » dont nous sommes faits, le souffle, l’huile. C’est ensemble que le corps et l’âme sont associés, jusque dans la résurrection. C’est dans le Corps du Christ que nous serons sauvés, et déjà l’Eglise, qui est son corps sur terre, nous lave et nous rend la vue en son nom. (Pensons aussi à la demande de Marie à Bernadette de laver son visage avec l’eau boueuse de la source).
Les vrais aveugles
Les vrais aveugles, c’est nous quand nous jugeons trop vite, à l’image des pharisiens. Ils ont condamné Jésus à la lumière de ce qu’ils pensaient être leur foi, une foi réduite en fait à leur seule raison. Face à quelqu’un dont nous ne comprenons pas les paroles ou les gestes, il nous arrive souvent de penser et de dire : « cette personne est en faute » sans avoir pris le temps du recul et de la prière. Il peut nous arriver aussi, comme les parents de l’aveugle, de refuser d’être des témoins ou de défendre quelqu’un par peur d’avoir des problèmes : que faisons-nous quotidiennement de la lumière de Jésus reçue au baptême ?
L’homme qui a été guéri, en tout cas, n’était pas aveugle dans son cœur : il a su « voir » et accueillir ce qui allait se passer pour lui avec Jésus, et il n’a pas hésité à obéir à Jésus lui demandant d’aller se laver. Et quand il revint, il voyait. Et bien sûr il n’a pas hésité à témoigner envers et contre tous, que c’était bien lui qui avait été guéri et que Jésus était un prophète ! Savons-nous avoir la même foi humble et courageuse et dire en toutes circonstances : je crois ?
Avoir le regard de Dieu
La première lecture nous a rappelé que Dieu voit souvent les choses d’une manière différente de nous ; et qu’il est bon dans nos décisions de faire les choix de notre vie en ayant un regard « selon Dieu ». Le prophète Samuel avait été chargé de trouver un bon candidat pour devenir roi : il y avait les 7 fils de Jessé, tous « très bien ». (Il nous arrive aussi dans les périodes électorales de ne pas savoir qui choisir). Samuel, pour prendre sa décision, a su s’inspirer de cette phrase de la Bible : Les hommes regardent l’apparence, Dieu regarde le cœur… Il a choisi le plus petit, David le berger.
Aujourd’hui, dans la tradition de l’Eglise, a lieu le : « scrutin » des catéchumènes : c’est la communauté avec ses responsables qui prend la place du prophète Samuel et doit choisir, accepter les futurs baptisés, les personnes qui bientôt prendront leur place dans la communauté. Samuel a donné à David l’onction, un geste qui fait aussi penser au baptême : il s’agit alors d’accueillir l’Esprit Saint comme une huile qui nous pénètre de partout.
Et ensuite ?
Dans la seconde lecture, nous avons entendu Saint Paul parler aux chrétiens d’Ephèse et leur dire toutes les implications de la lumière reçue au baptême ; il leur dit : autrefois vous étiez dans les ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière. Il est si facile en effet de nous laisser tenter à nouveau par les séductions du monde de la nuit. Saint Paul nous demande d’apprendre à les « démasquer », car le mal se cache souvent sous des lumières aussi séduisantes que factices et même parfois mortifères. D’où cette belle exhortation : Réveille-toi ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera.
Homélie de François Nicolas, spiritain à Chevilly Larue