Message du deuxieme dimanche de l’Avent depuis Port-au-Prince
«Non, Dieu ne tarde pas, ne renonce pas à accomplir sa promesse, mais il patiente jusqu’à ce que nous soyons vraiment prêts. Ce n’est pas nous qui attendons, c’est lui ! Il nous attend. Il attend que nous soyons capables de changer quelque chose dans nos vies pour faire place à Jésus. »
Benjamin Osio
“Nous voici entrés de plein pied dans le temps de l’Avent. Qu’est-ce que l’Avent ?
Un temps de préparation à la venue du Christ, Jésus, le fils de Dieu, qui a choisi de venir construire sa maison au milieu de nous. Il l’a fait il y a 2000 ans, mais si nous le rappelons chaque année, ce n’est pas pour raconter une belle histoire du passé, mais c’est parce que Jésus continue de venir habiter parmi nous. Et pas seulement dans les églises, mais dans nos quartiers, nos maisons, nos écoles, là où nous sommes aujourd’hui… et jusqu’à l’intérieur de nous-mêmes, dans nos cœurs !
Alors, comme quand on se prépare à accueillir un invité important, une personne qu’on aime, on rend notre maison plus belle et plus propre pour qu’il s’y sente bien. C’est ce que demande Jean-Baptiste que nous présente St Marc dans l’évangile. « Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route, rendez droit ses entiers ». En réalité, Jean-Baptiste reprend les paroles d’un autre prophète, qui a vécu longtemps avant lui, Isaïe. Isaïe était chargé d’annoncer au peuple dans la peine que le temps de l’épreuve était finie. Le peuple, exilé, allait retrouver sa terre et la joie allait revenir.
Et si on le prenait au sérieux ? Pourquoi cela ne se passerait-il pas pour nous encore aujourd’hui ? Pourquoi croyons-nous souvent davantage aux mauvaises nouvelles qu’aux bonnes nouvelles ?
Cette consolation dont parlait Isaïe est une promesse que le Seigneur renouvelle chaque année, et chaque fois qu’il voit ses enfants dans la peine. Il y a toujours une petite braise sous la cendre, une lueur d’espérance à faire grandir dans nos vies pour qu’éclate la vraie joie. Après la résurrection de Jésus et l’ascension, certains pensaient que le règne de Dieu allait se manifester très vite. Que Jésus allait revenir et que toute peine allait disparaitre. St Pierre, dans la deuxième lecture, répond à l’impatience des premiers chrétiens qui se demandaient pourquoi Dieu tardait-il à accomplir sa promesse ? Pourquoi devaient-il l’attendre autant ?
Pierre, dans sa réponse, renverse le problème.
Non, Dieu ne tarde pas, ne renonce pas à accomplir sa promesse, mais il patiente jusqu’à ce que nous soyons vraiment prêts. Ce n’est pas nous qui attendons, c’est lui ! Il nous attend. Il attend que nous soyons capables de changer quelque chose dans nos vies pour faire place à Jésus. Mais nous faisons souvent la sourde oreille…
En fait, cela veut dire d’une part que Dieu ne nous sauve pas sans nous et qu’en plus il nous propose de participer à sa mission… à apporter, comme lui, avec lui, un peu de joie et de paix au monde. Il ne nous demande pas de convertir nos contemporains, mais simplement de leur apporter un peu de joie et de paix. S’ils en reçoivent, ils pourront peut-être en comprendre la source… et connaitre Dieu. Mais la première chose à faire, à l’invitation de Jean-Baptiste, c’est de faire un petit détour par le désert. Le désert, c’est un lieu aride, ou rien ne pousse apparemment, mais c’est là que Dieu nous donne rendez-vous, comme il a donné rendez-vous à beaucoup de ses amis prophètes (Moïse, Elie, Osée…). Au désert, il n’y a pas beaucoup de divertissement, on peut donc être plus attentif à la présence discrète du Seigneur à nos côtés… Le désert, c’est le silence de notre cœur, parfois aride et sans joie. C’est là où Jésus veut faire germer un jardin, allumer une petite flamme que nous pourrons partager autour de nous. Viens Seigneur Jésus, viens Emmanuel ! Bon chemin de l’Avent !
Benjamin Osio, spiritain à Port au Prince en Haïti