Avez-vous déjà vu un berger marcher devant son troupeau ? Le berger ne marche pas devant le troupeau mais il le suit. C’est le troupeau qui choisit librement les bons pâturages. Par son exemple de berger, Jésus veut simplement nous faire découvrir un aspect de cette relation qu’il désire entretenir avec nous. Une relation comparable à celle du berger avec ses brebis, c’est-à-dire d’abord une relation qui respecte notre liberté, mais aussi une relation faite de douceur, d’attention, de délicatesse. Être dans la main de Dieu en toute confiance! Le berger ne souhaite qu’une chose : le bonheur de ses moutons. Franz Lichtle
L’Évangile est par définition une « Bonne Nouvelle ». Lorsque je lis l’Évangile, il doit toujours retentir en moi comme une bonne nouvelle. Mais cela n’est malheureusement pas toujours évident, ni facile.
Ainsi par exemple dans l’Évangile d’aujourd’hui Jésus nous dit : « vous êtes mes brebis ». En entendant cela je ne peux m’empêcher de penser au Jésus des images pieuses de mon enfance, un Jésus tout rose, yeux bleus et cheveux blonds, bouclés qui tient dans ses bras un beau petit mouton tout propre et bien sage.
Jusque-là, je ne vois pas très bien où est la Bonne Nouvelle, car personnellement je n’ai guère envie de jouer au mouton, bêlant avec les autres, un mouton qui suit le mouvement collectif, se laisse tondre et enfermer dans un enclos sans réagir. Faire le mouton n’est vraiment pas l’exemple que l’on suggère aux jeunes d’aujourd’hui.
Le monde a besoin au contraire de personnalités fortes, libres, capables de prendre en main leur destinée. L’actualité nous montre suffisamment de bergers qui tondent et exploitent leurs moutons. Aujourd’hui, 8 mai, nous pensons à la fin de la barbarie nazie, et nous pensons aussi à tout ce qui se passe en Ukraine, en Éthiopie, en Érythrée, au Soudan du sud, en Haïti et dans bien d’autres pays… je pense à tous ces assoiffés de pouvoir qui conduisent leurs troupeaux comme on conduit des brebis à l’abattoir, là où coule le sang, ou encore ces politiciens, en ces temps de campagne électorale, qui se servent des électeurs comme marche pied pour mieux se dresser sur leur piédestal, ou encore ces financiers qui se servent de l’argent des plus pauvres pour se sucrer abondamment, ou même ces hommes d’Église pour qui le dogme, les principes et les lois comptent plus que les personnes.
Et nous comme des moutons nous consommons, nous consommons sans compter… la publicité, nous pillons la nature, nous nous laissons pilonner par des informations tendancieuses ou répétons des slogans, nous faisons suivre des vérités toutes faites sans jamais vérifier, ni les sources, ni les faits.
Mais alors, où trouver la Bonne Nouvelle dans cet Évangile ?
Si nous ne ressentons pas la Bonne Nouvelle retentir en nous, c’est tout simplement parce que nous restons bloqués sur des mots : berger, troupeau, mouton… ou sur des images : Avez-vous déjà vu un berger marcher devant son troupeau ? Le berger ne marche pas devant le troupeau mais il le suit. C’est le troupeau qui choisit librement les bons pâturages.
Mais alors, sur quoi Jésus veut-il mettre l’accent ? la relation ! Par son exemple de berger, il veut simplement nous faire découvrir un aspect de cette relation qu’il désire entretenir avec nous. Une relation comparable à celle du berger avec ses brebis, c’est-à-dire d’abord une relation qui respecte notre liberté, mais aussi une relation faite de douceur, d’attention, de délicatesse. Être dans la main de Dieu en toute confiance! Le berger ne souhaite qu’une chose : le bonheur de ses moutons.
Jésus précise : « je connais mes brebis ». Le mot connaître ici, ne signifie pas avoir une « connaissance », connaître avec son intelligence. Dans les Écritures, le mot « connaître » est une affaire de cœur. Le mot « connaître » a toujours une connotation amoureuse et même sexuelle. Rappelez-vous les paroles de Marie à l’Ange Gabriel qui lui annonce qu’elle sera mère de Dieu, elle répond « Je ne connais pas d’homme », elle signifie qu’elle n’a pas de relation amoureuse.
En résumé : La Bonne Nouvelle de cet Évangile, c’est qu’il nous aide à comprendre de quel amour nous sommes aimés. Dieu, comme un amant ne veut qu’une chose : notre bonheur.
Alors, un tel berger, je veux bien le suivre, non pas à l’aveuglette, comme un mouton, mais comme une bien-aimée accepte volontiers de « suivre » son bien-aimé.
Mais un tel berger mérite aussi un bon troupeau. Sommes‑nous les brebis qu’il désire?
Brebis bêlantes, critiquant tout (l’Église et la société!) ou brebis actives dans l’Église et le monde?
Brebis excentriques, se complaisant en marge du troupeau, ou brebis “œcuméniques”, préoccupées de l’unité ?
Brebis malades et traînant la patte de leur médiocrité, ou brebis dévouées, donnant leur laine généreusement ?
Brebis agressives et égoïstes ou brebis allaitant les souffrants rencontrés ?
Brebis égarées ou brebis fidèles ?
Alors, comme chacun de vous êtes une bonne brebis répondant à la voix du Bon pasteur, n’oubliez pas de le suivre en toute simplicité et humilité !