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Lors de leur Chapitre de juin 2024, les spiritains ont consacré du temps à réfléchir autour des drames des abus spirituels et sexuels, écouter les récits, prier pour les victimes.

Ils ont cherché les mots, les attitudes, les réactions qui pouvaient rejoindre en vérité les victimes. Voici la déclaration du provincial en conclusion du livret du protocole pour protection des mineurs et personnes vulnérables :

‘Homme et femme il les créa à son image et à sa ressemblance’ : un infini respect de chaque personne est au fondement de ce Protocole, comme il est au fondement de l’annonce de la Bonne Nouvelle. Ce respect nous guide dans la protection des mineurs et des adultes vulnérables, dans les relations entre religieux et avec les laïcs, et dans la mise en œuvre des
mesures prévues par ce Protocole tant à l’égard des victimes présumées que des auteurs présumés ou après un jugement.

Depuis la précédente édition (2013), nous sommes sortis de l’innocence et du déni concernant l’ampleur des violences sexuelles commises par des prêtres et des religieux et avons appris au moins deux choses grâce aux études historiques et systématiques de la CIASE et à l’expérience de la CRR : les conséquences des violences sexuelles pour les victimes sont extrêmement profondes, durables et constituent un ‘empêchement d’être’ ; le cléricalisme, la gouvernance sans contrôle et l’entre-soi ont favorisé la négligence, voire la dissimulation des faits de violences sexuelle. Les personnes victimes ont pu exprimer leurs attentes à notre égard, que nous devons traduire en obligation de moyens pour prévenir la survenue des violences, dont les diverses formes d’abus constituent souvent un continuum.

Ayant pris conscience de la prévalence des abus sexuels dans l’Église et la société 37, nous ne pouvons plus ignorer que parmi nos proches, dans nos communautés chrétiennes et dans tout autre groupe, la probabilité est grande qu’une personne au moins ait été victime de violences sexuelles. Cela nous oblige à un respect et une attention à nos paroles concernant les personnes et la prévention des abus.

Ceci constitue un changement de culture ecclésiale, qui n’est pas facile à accepter par certains, par déni, conscience anesthésiée ou refus de se remettre en question. Chacun doit être accompagné, mais il ne peut y avoir de retour en arrière. Désormais on ne peut plus demander la confiance ‘aveugle’ sans contrôle. Désormais, les supérieurs doivent sortir de
la position intenable d’être en même temps frère et seul juge. Pour ce faire, ils sont accompagnés du DPM, d’une cellule d’écoute, de professionnels, et ont recours à la justice civile et ecclésiastique dès que cela est requis.

Le but de la prévention et des procédures judiciaires est finalement de restaurer la confiance des fidèles et de la société envers les religieux, les clercs, et les laïcs en mission ecclésiale.
Nous voulons permettre à toute personne en recherche de foi, en discernement, vivant une étape décisive ou douloureuse de leur existence, pour eux-mêmes ou pour leurs proches, de pouvoir s’en ouvrir en toute sécurité à un disciple du Seigneur compétent pour la guider sur les chemins de la paix, de la confiance, de la réconciliation, de l’engagement, de la vie avec Dieu.

Jean-Pascal Lombart, provincial, juin 2024

37. Depuis 1950, 2,5 à 5% des clercs ont été reconnus auteurs d’abus sexuels, et 14,5% des femmes, 6,4% des hommes ont été victimes de violences sexuelles durant leur minorité (Rapport de la CIASE, 2021, §591 & 577)