En ce jour du mercredi des Cendres, nous entrons dans le temps du Carême. Avant toute chose, nous devons nous demander ce qu’est le Carême. Si nous cherchons dans le dictionnaire, nous lisons que c’est un temps de pénitence. Il associe ce mot aux expressions “face de carême… visage pâle, triste, maussade”. Beaucoup de chrétiens ne voient cette période que sous son aspect négatif. On y parle beaucoup de renoncements et d’efforts (même si on n’en fait aucun). Un jour, j’ai demandé à des enfants s’ils savaient ce qu’est le Carême. Quelqu’un m’a répondu : “On ne mange pas de viande.” Un autre a ajouté : “On ne mange pas de bonbons.” Un jour, un animateur de radio a cru bon de dire que le Carême est “tombé en désuétude”.
Ceci dit, l’Évangile nous met en garde contre certaines dérives. L’aumône, la prière et le jeûne, c’est important ; c’est même nécessaire. Mais le Christ nous avertit : “Si vous voulez agir comme des justes, évitez d’agir devant les hommes pour vous faire remarquer.” Nous vivons dans un monde de performance et de compétition. Ce sont les meilleurs qui sont mis en avant. Ils cherchent à obtenir la gloire qui vient des hommes.
Nos pratiques religieuses doivent refléter une sincérité intérieure. A quoi bon des cendres pour revenir à Dieu ? Est-ce bien raisonnable de nous rappeler que nous sommes poussières ? Si nous lisons avec attention les textes que la liturgie nous propose, nous voyons que le Mercredi des Cendres est tout sauf morbide, il nous est demandé un renouvellement de nous-mêmes.
Le mercredi des Cendres, m’engage à me situer résolument du côté de la vérité de moi-même sous le regard du Christ. En effet, le Christ évoque le jeûne, la prière et l’aumône non comme une fin, mais dans la perspective d’une vie plus vraie et plus unifiée. La vérité sur moi-même, qui peut m’inquiéter parfois, je la reçois dans ce tête-tête avec le Père. Le jeûne devient alors l’occasion de laisser Dieu élargir mon cœur. La seule récompense, c’est la transformation de tout mon être, son ajustement à l’amour de Dieu.
Un vrai Carême peut-il commencer les yeux fixés sur notre péché ? Non, car nous manquerions à notre premier devoir qui est de dire devant Dieu mais aussi devant les hommes, les merveilles que Dieu fait pour nous. Faire mémoire de la présence de Dieu dans les passes difficiles de notre existence, de celles de notre famille, quel bel effort de Carême !
Dans les cendres que nous recevons, tu vois Seigneur la poussière de nos routes et la boue qui alourdit si souvent nos pas. Tu veux y voir aussi la trace de l’amour que tu nous communiques comme un feu.
De ces cendres, fais jaillir en nous une vie nouvelle.
Paulerik Nzalabaka, spiritain en responsabilité aux Apprentis d’Auteuil