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Le 8 juillet 2024 est décédé à Kremlin-Bicêtre, âgé de 82 ans, le frère Florent BAUMANN
Né : 3 août 1941 à Hessenheim (67) Profès : 21 septembre 1960 à Piré-sur-Seiche

“Le Frère Florent n’est pas allé « ad extra » comme missionnaire, mais a vécu dans nos différentes communautés spiritaines de France où il s’est donné, il a beaucoup travaillé, jardiné pour nourrir les membres de la communauté, les séminaristes et vendre ses légumes au voisinage, à ses nombreux amis.” Homélie de Serge Ballanger à ses obsèques

Florent, ton corps va être déposé dans cette terre de Chevilly que tu as aimée et que tu as su faire fructifier pendant 40 ans.. Je suis sûr que Jésus va te confier un petit coin de terre et une bêche pour Lui offrir quelques belles tomates 🍅 Repose en paix! Marc Soyez 

Homélie sépulture du Frère Florent Baumann.

Comment ne pas évoquer des images agricoles pour la messe de sépulture du Frère Florent ? il me semble que c’est un passage obligé.

Une petite histoire :  celle d’un grain de blé dans son grenier. (une petite remarque, vers les années 1979, il y avait encore un champs de blé dans notre propriété de Chevilly Larue, peut-être les derniers semis de blé avant l’abandon de cette culture.) on mettait les grains récoltés dans le grenier pour qu’il sèche, avant de le broyer pour faire du pain ou de semer une petite partie dans le champ pour l’année à venir. Notre grain de blé dans son grenier, il est au chaud, ce grain de blé, il a tout plein de petits copains autour de lui, la vie est belle pour lui. Il n’a aucun souci, tout va bien pour lui, les semaines passent, un grain de blé heureux.

Mais un jour, le voilà qui est tiré de son confort, bousculé et emporté loin du grenier bien chaud. C’est l’automne et dehors il fait frais. Le voilà qui est jeté sur la terre et une herse vient l’enfouir dans la terre. Au cœur de la terre où il a été semé, Il ressent le froid, l’humidité, çà sent une odeur de fumier et de composte de feuilles décomposées. Il n’a plus ses petits copains du grenier, il se sent dans un état tout à fait inconfortable.

Mais bientôt des petites racines, puis des germes qu’il nourrit de son corps, et au printemps sa tige qui se nourrit de l’humus et une tige qui prend de la force pour un épis qui ondule au vent. Bientôt, avec le soleil, les grains au centuple mûrissent, prêts pour la récolte nouvelle.

Le Frère Florent n’est pas allé « ad extra » comme missionnaire, mais a vécu dans nos différentes communautés spiritaines de France où il s’est donné, il a beaucoup travaillé, pour nourrir les membres de la communauté, les séminaristes et vendre ses produits au voisinage, à ses nombreux amis. Son corps était usé, il s’est épuisé au labeur. A nous aussi de savoir sortir de notre petit confort pour produire au centuple… mais quand on est en maison de retraite, après autant d’années données, un certain confort est bien mérité, mais les petits ennuis de santé ne manquent pas de nous déranger, de nous bousculer, il faut toujours se battre pour la vie.

J’en viens aux textes choisis dans la lettre aux Corinthiens et en Saint Marc au chapitre 4.

« Il en est du règne de Dieu, comme d’un homme qui jette en terre la semence : nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, le semeur ne sait comment. D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi »..  Il ne sait comment. Le semeur ignore comment la semence germe et grandit, mais il a foi en cette terre qui travaille même quand il dort.  Le geste du semeur a suffi, il jette la semence. Jésus limite au semis le travail du jardinier. Ce que confirme le passage aux Corinthiens, « Moi Paul, j’ai planté, Apollos a arrosé, mais c’est Dieu qui fait croître. Ainsi celui qui plante n’est rien, celui qui arrose n’est rien : Dieu seul compte, lui qui fait croitre ». 

 La semence, c’est la Parole de Dieu : les grains de la Parole, jetés dans les cœurs, portent beaucoup de fruit. La Parole dans les cœur a une capacité extraordinaire. Elle est puissante cette Parole de Dieu, elle est coupante aussi. Elle est tellement précieuse et elle permet à ceux qui la reçoivent et qui la gardent, de grandir en humanité et en connaissance de Dieu, elle fait de nous des fils et filles de Dieu.

Le semeur a pu être malhabile, nous sommes tous pécheurs, des personnes limitées : du grain fut lancé dans dans les épines ou sur un sol pierreux, peut-être aussi furent lancés des grains d’ivraie mélangées, mais il y a eu une maturité attendus, grâce à la parole accueillie dans la bonne terre, où Dieu a été rencontré.

« Le Règne de Dieu est comparable à une graine de moutarde ; quand on la sème en terre, elle est la plus petite de toutes les semences ». Ce que le semeur a semé paraît insignifiant au creux d’une paume de main. Le jardinier ne sait comment, mais cette petite graine deviendra, mystérieusement, la plus grande plante du potager. Ce qui advient de la Parole semée dans les cœurs dépasse tout ce qui était attendu.

Le message serait celui-ci : prenons soin de la Parole de Dieu reçue, offrons-la autour de nous, c’est le plus beau cadeau à faire.

Merci au Frère Florent pour sa vie parmi nous, pour son travail de jardinier des plantes, mais aussi jardinier de la Parole de Dieu qu’il portait en lui et qu’il partageait aux autres depuis sa consécration religieuse au sein de notre Congrégation.   Serge Ballanger

AFFECTATIONS :

  • FRANCE : Chevilly-Larue (1960-1964 : Triennat) ; Bletterans (1964-1967 : jardinier)
  • Cellule – Saulnat (1967-1969 : agriculteur) ; Allex (1969-1971 : jardinier) ; Neufgrange (1971-1972 : repos) ;
  • Langonnet (1972-1974 : jardinier) ; Chevilly-Larue (1974-2014 : jardinier)
  • Wolxheim (2014-2021 : semi-retraite ; jardinier) ; Chevilly-Larue (2021-2024 : retraite).